Derniers espoirs sur l’île du diable
« -Allez chercher le chirurgien !!! C’est un miracle!
-Ah ! Ah ! Avec un chef comme lui, on craint plus rien !
-On est sauvés !
-Le chirurgien arrive, vous pouvez le laisser!
-Bon ben prenez bien soin de lui alors…
-Nous, on va annoncer la bonne nouvelle à tout le monde ! »
Si pour certains, les îles sont paradisiaques, pour d’autres, elles sont cauchemardesques, surtout celle sur laquelle ont échoué les rescapés du Jakarta. A la fin de la première partie, on avait laissé le navire amiral de la VOC, la compagnie hollandaise des Indes orientales, échoué sur les récifs des îles Abrolhos. Tandis qu’une partie de l’équipage et des passagers a débarqué sur un îlot, Pelsaert, le Capitaine, et quelques marins sont partis en barque chercher du secours à Java. Lucrétia Hans, une riche passagère, fait partie des rescapés, ainsi que Wiebbe Hayes, un matelot loyal, ce qui n’est pas le cas de tous. Alors qu’on le croyait disparu dans le naufrage, Jéronimus Cornélius en a miraculeusement réchappé. La mort n’a pas voulu de lui qui avait tenté d’empoisonner le Capitaine et soulevé une mutinerie. Il est toujours vivant au grand dam de Lucrétia et de ses détracteurs.
1629 ou l’effroyable histoire des naufragés du Jakarta est inspiré d’une histoire vraie. Sur les 322 passagers et membres d’équipage du navire au départ d’Amsterdam, seulement 86 arrivèrent à destination. Dans la postface, les auteurs avouent avoir pris des libertés qui, paradoxalement, édulcorent la réalité. Si les scènes violentes, voire très violentes, ne sont pas oubliées, l’horreur de la réalité dépassait largement cette fiction. Et pourtant, 1629 n’est même pas une histoire de pirates. Ici, le ver est dans le fruit. Profitant de l’épuisement des marins, des conditions sanitaires déplorables et d’une météo difficile entre canicule et tempêtes, Jéronimus Cornélius a réussi à embrigader une partie de l’équipage pour faire main basse sur l’or transporté. Sur l’île des rescapés, il va rapidement trouver la force de poursuivre son rôle de chef des rebelles. L’arrivée des secours va sembler bien longue pour ses opposants.
Entre Ulysse et Cyrano et la fin du diptyque 1629, 2024 a été une année où Xavier Dorison a confirmé sa position de scénariste incontournable. Avec 1629, il retrouve l’ambiance de Long John Silver pour une histoire explorant les tréfonds de l’âme humaine dans tout ce qu’elle a de plus sordide, aussi bien du côté des mauvais que celui des bons qui en retour n’auront aucune pitié pour les bourreaux. Le dessinateur Thimothée Montaigne baigne son trait dans des ambiances incroyables. Digne héritier de Mathieu Lauffray, il offre un grand spectacle, enveloppé par les couleurs de Clara Tessier. Les scènes intimistes sont tout autant travaillées, en particulier au travers du personnage de Lucrétia, qui permet au lecteur de s’immerger dans ce monde cruel.
Doté d’une des plus belles maquettes de la décennie, 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés du Jakarta est un diptyque indispensable, un blockbuster dont le contenu est d’aussi grande facture que le contenant, reléguant au second plan le récit de pirate classique.
Série : 1629 ou l’effroyable histoire des naufragés du Jakarta
Tome : 2 – L’île rouge
Genre : Aventure maritime
Scénario : Xavier Dorison
Dessins : Thimothée Montaigne
Couleurs : Clara Tessier
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344058138
Nombre de pages : 144
Prix : 35 €