Pleurs de diamants
« -Vas-y pleure !
-Je n’y parviens pas.
-Tu permets que je t’arrache un poil de nez ?
-Non.
-Héliotrope, c’est le seul moyen. »
Héliotrope et Baboushka, sa grand-mère, sont dans une forteresse au Pôle Nord Est, à l’Est du Pôle Nord, pour enquêter. A quoi peuvent bien servir les cristaux qui coulent des yeux d’Héliotrope quand elle pleure ? Toutes les deux avancent dans la forteresse de glace au milieu de carcasses de dieux anciens et de bidules qu’on n’étudie pas en biologie. Elles arrivent en vue du laboratoire de Yidgor, un jeune homme un peu dark avec une bague à chaque doigt. Aspirine, la vampire, vole au-dessus des machines et des mitrailleuses. C’est le poste d’observatoire duquel Yidgor dézingue les créatures bizarroïdes de l’espace. Si Héliotrope est venue à sa rencontre, c’est pour qu’il lui apprenne à maîtriser ses super-pouvoirs et qu’elle puisse faire des cristaux qu’elle produit un truc aussi bien que la toile de Spider-Man. Elle lui donne son 07, comme ça, il la préviendra quand ce sera prêt.
En attendant, Héliotrope, Baboushka et Aspirine vont partir en vacances en Grèce. C’est là-bas qu’elles vont découvrir Thésus, un vieux mage grec, qui porte sur lui un vêtement qui a l’aspect de la serpillière dans « Le Père Noël est une ordure », mais qui est en fait la seule et unique toison d’or. Il ne va pas tarder à se la faire voler, ce qui va mettre une panique et une zizanie pas possible. Qui a fait le coup ? Entre enlèvement, dragon et villageois qui s’en mêlent parce que quand on n’a pas trop de distraction, ni un PC gaming avec une bonne connexion wi-fi, on embarque en pleine nuit sur un pick-up avec des mitraillettes et des fourches, la course-poursuite risque d’être sanglante.
Ce troisième épisode des aventures d’Héliotrope, encore plus que les précédents, est total foutraque. Il faut être fan du Joann Sfar de la première heure pour l’apprécier. Le scénariste passe du coq à l’âne dans un rôle de maître de jeu de rôle posant des embûches devant ses joueurs au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue. Quand on l’analyse, c’est au final pas si n’importe quoi que ça. Dans ce volet, il est question d’adolescence et de corps qui change, de métamorphose. C’est ce que symbolisent les larmes de cristal de l’héroïne. Il y a aussi un petit peu de politique à la fin. Si la série passe malheureusement quasi-inaperçue dans la production Dupuis, c’est parce qu’il y a un inévitable problème de ciblage. Le graphisme tous publics et marqué jeunesse de Benjamin Chaud se trouve le cul entre deux chaises, ou plutôt la plume entre deux cases, parce que certaines scènes sont bien sanglantes, ce qui explique peut-être pourquoi elle n’a pas été prépubliée dans Spirou.
Héliotrope est une série OVNI, plutôt destinée aux sfariphiles qui retrouveront l’ADN de leur idole. On l’aurait plutôt vu éditée chez L’Association dans la collection 48 cc. Elle est chez Dupuis qui pourrait faire un petit effort pour la promouvoir. Joyeusement déjantée, moderne, décalée, et parfois subversive, on en redemande.
Série : Héliotrope
Tome : 3 – Le prix de mes larmes
Genre : Fantastique
Scénario : Joann Sfar
Dessins : Benjamin Chaud
Couleurs : Isabelle Rabarot
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034760404
Nombre de pages : 48
Prix : 15,50 €