By jove, quelle carrière !
« -Sahib ! Le capitaine reprend connaissance…
-Hello, Blake !…
-Hello, Mortimer ! Je crois que j’ai été un peu sonné !…
-Hé oui ! Old man, vous l’avez échappé belle ! Un peu plus et ce coquin de pilote vous étranglait comme un poulet ! Enfin, grâce à Dieu, nous voici loin d’Olrik. »
Nés en 1946 dans les pages du journal Tintin, Blake et Mortimer sont devenus des héros mythiques du Neuvième Art. Edgar-Pierre Jacobs, leur créateur, ne savait alors pas qu’il venait de créer des personnages intemporels qui traverseront les générations qui seront dans tous les livres d’Histoire de la BD. On dit que les héros sont éternels. Leur auteur a eu la bonne idée que le Capitaine et le Professeur lui survivent après sa mort. Dans des reprises encadrées par les ayant-droits, plusieurs auteurs ont participé et participent encore à leurs destinées. Signé Olrik, le trentième album de la série classique, vient de paraître. Il y a eu également des hors-séries. Paru une première fois en 2021 à l’occasion des soixante-quinze ans de la série, l’ouvrage de Jean-Pierre Naugrette Blake et Mortimer de A à Z est réédité dans une version mise à jour.
Après l’émouvante préface signée d’Yves Sente, l’un des scénaristes repreneurs, le dictionnaire amoureux de Blake et Mortimer commence, abondamment illustré. On commence par le A comme archéologie-fiction, domaine visité par Jacobs dès ses tout débuts avec Le rayon U. en 1943. Il en fera le principe de l’un des albums les plus mythiques et les plus importants de la BD : Le mystère de la grande pyramide, allant jusqu’à créer la confusion chez des lecteurs qui chercheront à voir la pierre de Maspero au Musée du Caire. Au B de Blake, on apprend que son deuxième prénom est Percy et que Jacobs s’est inspiré de son ami Jacques Laudy pour sa silhouette. Profitons-en pour signaler qu’il n’y a pas que des planches et illustrations de Jacobs dans ce livre. Les autres dessinateurs comme André Juillard, Teun Berserik, Peter Van Dongen, Antoine Aubin, Ted Benoît, Bob de Moor, Christian Cailleaux, Etienne Schréder et Floc’h sont chacun au générique.
Au C, impossible d’échapper au Centaur Club. Jacobs s’inspirant de Conan Doyle et de Holmes, le club select londonien de Piccadilly est le lieu où les deux compères font le point sur les affaires en cours. Surprenant, au D comme Dring, on apprend comment la série a sauvé la vie d’un lecteur. A F comme femmes, force est de constater qu’elles étaient quasi-absentes des albums de Jacobs. Ses successeurs tenteront de corriger subtilement le tir. On sort du cadre avec le I comme interview où sont interrogés Van Hamme, Sente et le regretté Juillard. Le M, c’est évidemment la Marque jaune, mais c’est aussi le Monde perdu du Piège diabolique. Si au O, on ne peut échapper à Olrik, il va aussi y être question d’opéra, la véritable passion de Jacobs, passion qui marquera graphiquement son œuvre par sa mise en scène, ses décors grandioses et ses entrées et sorties grandiloquentes.
Cet abécédaire consacré à Blake et Mortimer a la saveur d’une tasse de thé à 17h. Le voyage au cœur de cette œuvre est une parenthèse qui rappellera l’enfance à ceux qui les auront découverts petits et invitera les autres à se plonger dans leurs passionnantes aventures scientifiquement construites, narrées et dessinées.
One shot : Blake et Mortimer de A à Z
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Jean-Pierre Naugrette
D’après l’œuvre de : Edgar-P. Jacobs
Éditeur : La Martinière / Le Monde
ISBN : 9791040119791
Nombre de pages : 152
Prix : 26,50 €