La bête et le conquistador
« -… Et après avoir testé les fruits, vous me faites marcher devant pour quelle raison ? Pour que les bêtes sauvages se jettent sur moi en premier ?
-Il y a des hommes sauvages, ici. Ricardo s’est pris une flèche dans le bras en ouvrant la piste. Ils ont eu peur des coups de feu mais ils peuvent revenir.
-Là-haut ! Un singe !
-De la viande ! Arquebusiers, butez-le !!! »
Un galion de conquistadors espagnols cherche en vain les nouvelles Indes. Le Capitaine Santoro n’a pas l’air d’être disposé à protéger la vie de tous ses hommes au sacrifice de sa propre vie, surtout celle du jeune mousse José, pas prêt à être lui-même sacrifié parce qu’il manque de vivres sur le bateau. Il sera sauvé par la vue au loin des côtes, mais sa rébellion va lui valoir le privilège d’ouvrir la marche lorsque les envahisseurs vont débarquer dans la jungle hostile. C’est en allant chercher une espèce de singe jaune et noir à longue queue blessé sur la branche d’un arbre que José va chuter dans le fleuve et disparaître des yeux de ses compagnons et bourreaux. José va se réveiller aux côtés de l’animal dans la tribu des indiens Chahutas. Le shaman Fumdetro lui apprend qu’en échange de son sauvetage il va devoir épouser la fille du chef Telplubo sous peine de voir sa tête réduite pour intégrer une collection macabre.
L’animal que vient de croiser José, c’est un Marsupilami. Blessé par le fusil d’un conquistador, l’animal a fui le camp Chahutas pour regagner la luxuriante forêt. Mais à présent, José et le Marsupilami sont en fusion. José est connecté à cet esprit de la forêt. Le garçon ressent les souffrances de sa blessure. Le shaman lui demande de partir le retrouver avec Amanita, la meilleure chasseuse de la tribu. Retrouvera-t-il l’animal ? Et le Capitaine Santoro, a-t-il rebroussé chemin ? Que nenni ! Les envahisseurs ne vont pas tarder à vouloir convoiter l’or des Chahutas. Cet El Dorado est-il légende ou réalité ?
Après les deux recueils de récits complets réalisés par divers auteurs, après La bête, après l’animal de Humboldt, le Marsupilami a droit à une nouvelle grande histoire vue par d’autres auteurs que ceux de la série mère. Lewis Trondheim, véritable scénariste caméléon, plutôt que d’écrire une histoire contemporaine, remonte le temps pour revenir aux origines de la découverte de l’Amérique, au temps où les premiers conquistadors ont accosté. Avec les relations entre José et le Marsu, il reconnecte l’être humain et la nature. Trondheim retrouve Alexis Nesme, son complice dessinateur de l’aventure de Mickey Mouse : Horrifkland. Nesme réalise de superbes blanches, que ce soit en mer ou sur terre. Avec ses couleurs directes, il fait de la jungle un personnage à part entière. Les changements de scènes sont symbolisés par des enluminures dorées, comme si on allait découvrir de mystérieuses cités d’or.
A l’instar de Lucky Luke, de Mickey, de XIII, de Thorgal, des Tuniques bleues et autres Spirou, le Marsupilami fait partie des personnages sur lesquels les grands noms de la bande dessinée peuvent se succéder pour proposer leur vision. Une réussite.
Série : Marsupilami
Tome : HS – El diablo
Genre : Aventure
Scénario : Lewis Trondheim
Dessins & Couleurs : Alexis Nesme
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808504751
Nombre de pages : 64
Prix : 17,95 €