Où es-tu doudou, dis donc ?
« -C’est trop profond. Je n’y arriverai pas comme ça, ma puce.
-Qu’est-ce qui se passe ici ?
-Ma fille a laissé tomber son doudou dans le soupirail.
-Rentrez immédiatement !
-Mais…
-Immédiatement ! »
Rachida est femme de ménage dans la grande maison d’une vieille dame professeur de piano. Aujourd’hui, elle est contrainte d’amener avec elle sa fille Mina car la maîtresse est malade. Et bien sûr, comme tout marche bien à l’Education Nationale, elle n’est pas remplacée. La propriétaire rechigne mais accepte sous condition que la gamine n’aille pas courir partout. Dans la cour, par un soupirail, la petite aperçoit un Monsieur. En lui montrant son doudou, elle le laisser tomber. Elle appelle sa mère qui tend le bras pour essayer de le récupérer. Rien à faire. Mina est en crise. La propriétaire descend à la cave mais prétend que la peluche n’y est pas et que la fillette affabule en disant avoir vu quelqu’un. De son côté, Jérôme, en panne de Solex, se fait prêter une mobylette par Arthur qui, à ses heures perdues, bricole de la mécanique. La nuit suivante, son ami épicier Buhran le réveille car Rachida, ancienne petite protégée de son association d’aide à l’enfance, l’a appelé pour lui dire que son frère a disparu. Il était parti récupérer le doudou, « d’une façon ou d’une autre ».
Le petit théâtre du mystère est en place. Voilà de nouveau Jérôme K.Jérôme Bloche mêlé à une affaire étrange. Où est passé le doudou ? Y a-t-il quelqu’un caché au sous-sol de la demeure de la pianiste ? La petite fille s’invente-t-elle des histoires ? Et surtout, où est passé son tonton Ali, frère de sa maman ? Toujours est-il que Madame Martin, la professeure de piano, aux mains gantées, est aussi énigmatique qu’antipathique. Evidemment, elle ne va pas grand ouvrir les portes de sa maison au détective privé. Celui-ci va devoir user de stratégies bien à lui pour s’approcher des lieux. Comme souvent, c’est dans le passé que se trouvent les origines des événements.
Pour la vingt-neuvième enquête de Jérôme K.Jérôme Bloche, Alain Dodier reste dans le classicisme de la série. Le pitch de départ lui a été inspiré de faits réels. A six ans, il a lui-même fait tomber un jouet dans le soupirail d’une boucherie. Entendant ses pleurs, le boucher était allé lui récupérer. Ce ne sera pas la même chanson pour Mina. Graphiquement, dans son réalisme souple, Dodier se base aussi sur des lieux existants. Pour la demeure de l’histoire, il a repris l’extérieur d’une maison en haut de la Butte Montmartre et l’intérieur d’un château de Flandre française. Comme Jérôme l’explore de fond en comble, Dodier avait à cœur que l’ordonnancement des pièces reste logique. L’auteur pourrait mener des Masterclass. Il est définitivement l’un des maîtres du scénario, du découpage et du dessin.
Mina retrouvera-t-elle son doudou ? Jérôme fait tout pour. Et dans l’affaire, c’est perpétuité pour qui ? L’Histoire vous le dira. Mais si c’est pour pouvoir profiter des enquêtes de Jérôme K. Jérôme Bloche le plus longtemps possible, on veut bien prendre « perpétuité ».
Série : Jérôme K. Jérôme Bloche
Tome : 29 – Perpétuité
Genre : Polar
Scénario & Dessins : Alain Dodier
Couleurs : Cerise
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034768776
Nombre de pages : 56
Prix : 13,50 €