Rebelles ou complices
« -Tu as assisté à une mission commandée par le lynx !?!… Cet inconnu qui se dit votre chef !
-Euh… Il a juste demandé d’aller voir si tout se passait bien. J’étais à l’écart de l’action, je te le promets !
-Cette fois, c’est fini ! Je ne veux plus que tu trempes dans la résistance ! Je te rappelle que ton père est mort à cause de ça ! »
En rentrant chez lui à vélo, en pleine nuit, François est accueilli très froidement par sa mère qui lui reproche de prendre trop de risques dans la résistance. Impossible d’abandonner des compagnons de lutte. S’il arrête, le réseau du Lynx pourrait prendre ça pour une trahison. Ce que la maman ne sait pas, c’est que le Lynx, c’est son fils et ses deux amis Eusèbe et Lisa. Depuis dix mois maintenant, vingt-et-un résistants venus de toute la France ont été embauchés pour travailler à la reconstruction des écluses. Le fracas du chantier leur permet de s’entraîner à l’escalade, au maniement des explosifs et au combat. Pendant ce temps, les messages arrivent de Londres. Le débarquement semble se préparer. Sentant le vent tourner, la milice française, à la botte des nazis, accentue la répression.
Lisa, François et Eusèbe vont être amenés dans cet épisode à prendre tous les risques. Lisa est soubrette chez un officier allemand, espérant glaner des informations confidentielles. Eusèbe assiste, impuissant, au retour d’Hyppolite dans l’uniforme d’un milicien. Il ne sait pas encore qu’une vision cauchemardesque l’attend lorsqu’il se trouve confronté aux conséquences du décret Sperrle faisant passer la France de territoire « ami » à « hostile » pour les allemands. François, lui, va recueillir et cacher un espion anglais. Si l’étau se resserre autour des mouvements de résistance, c’est le moment ou jamais pour ne pas lâcher le combat, d’autant plus qu’il semble que l’ennemi commence à paniquer.
Ce neuvième épisode des enfants de la résistance est un moment pivot de la série. La tension n’a jamais été aussi forte. Benoît Ers et Vincent Dugomier prennent leurs responsabilités d’auteurs en montrant des scènes insoutenables et réelles. Bien que l’on soit dans une bande dessinée tous publics, c’est ce qu’il fallait faire. On se surprend à avoir peur et à laisser couler des larmes, devant l’horreur et les décisions radicales. La série assume son rôle d’œuvre de mémoire, en abordant des choix politiques moins racontés. Ainsi, le décret Sperrle influence et accentue une collaboration radicalisée. On apprend que Les jours heureux intitulant l’album n’annoncent pas la fin du conflit. Si nous, on sait que ça approche, eux ne sont pas encore certains de l’issue. Les jours heureux est en fait le programme du conseil national de la résistance, prévoyant le plan d’action une fois la guerre gagnée, avec le jugement des collaborateurs et le rétablissement de la démocratie, du suffrage universel et du syndicalisme.
Les enfants de la résistance viennent de franchir le cap des deux millions d’albums vendus. Une adaptation cinématographique par Christophe Barratier (Les choristes) avec Artus est en production.
Intelligente, pédagogique mais pas didactique, dans un style franco-belge excellement maîtrisé et avec une mise en couleurs dynamique, la série continue à surprendre par sa justesse et son audace.
Série : Les enfants de la résistance
Tome : 9 – Les jours heureux
Genre : Histoire
Scénario : Vincent Dugomier
Dessins & Couleurs : Benoît Ers
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782808210966