La violence du poison, le poison de la violence
« -Une herbe cent fois meilleure que la kexceed, tu dis ? Hm… J’imagine que tu m’appelles pas pour parler de la pluie et du beau temps…
-Non… Je t’appelle pour parler affaires. Si tu veux mon herbe… je te la vends !!
-En effet, je fais aussi dans ce genre de business. Donc, tu veux que je sois ton revendeur, c’est ça ? »
Morio est en pleines négociations pour tirer Kagayama d’un bien mauvais pas. Prisonnier et torturé par Shimizu, son « ami » est ensanglanté. Au téléphone, Morio propose donc au mafieux de lui acheter un cannabis d’exception, pour un prix il est vrai élevé, mais qu’il pourrait revendre encore plus cher. En échange, il libère Kagayama. Mais avant, Shimizu va vouloir tester la beuh, soi-disant bien meilleure que la kexceed. Courageux mais pas téméraire, il fait préparer et fumer un joint par Yoshio, son homme de main. Après une première bouffée pas convaincante, l’herbe n’étant pas assez sèche, le shit s’avère qualitatif. C’est planant. Shimizu en veut l’exclusivité. Morio, alias Mick le cultivateur, a gagné la libération de son partenaire. Il va falloir assurer et assumer le service après-vente.
Pas question de tomber dans la routine. Avec ce troisième tome, les cultivateurs de Tokyo Cannabis ne vont pas avoir le temps de se reposer sur les lauriers de leur culture que tout le monde envie. Rappelons à ceux qui l’ignoreraient que Morio est à la base un simple fleuriste à la main verte qui cherche à financer les conséquences de l’accident de circulation de sa femme. Embarqué dans la culture et le trafic de cannabis à la suite d’une mauvaise mais salvatrice rencontre avec le fameux Kagayama, il a mis le doigt dans un engrenage duquel il semble impossible de s’extraire.
« Cette œuvre est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes, des organisations ou des événements ayant existé est purement fortuite. Cette œuvre n’est pas une incitation à reproduire les actes illégaux qu’elle décrit. L’éditeur décline toute responsabilité le cas échéant. » Cette mise en garde en préambule est de bon aloi. Quand on voit l’argent brassé dans ce trafic mortel, ça pourrait donner des idées d’enrichissement facile. Quand on pense que certains politiques voudraient légaliser cette merde, on se demande ce qui peut leur passer par la tête. Ça ne pourrait qu’encourager les toxicomanes à se plonger dans des drogues encore plus dures.
Clairement, le message de Yûto Inai n’est pas d’inciter ni à consommer, ni à revendre. Morio le dit lui-même : « Mais bon, peu importe l’âge, on ne devrait pas consommer de cannabis… » Tokyo Cannabis est à lire comme un lanceur d’alerte. Dans un graphisme réaliste classique, le mangaka n’hésite pas à montrer la violence que peut engendrer la substance. Il ridiculise les consommateurs sous effets et vampirise les magnats qui tirent les ficelles du business.
Jusqu’on peut-on aller pour sauver les siens d’une situation financière compliquée ? Tokyo Cannabis pousse un quidam du quotidien dans un buisson d’orties qui piquent. Pourra-t-il en utiliser le venin pour s’en sortir ?
Série : Tokyo Cannabis
Tome : 3
Genre : Seinen Thriller
Scénario & Dessins : Yûto Inai
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505125969
Nombre de pages : 160
Prix : 7,90 €