Sur le front de Napoléon
« -Halte ! On ne passe pas ! Personne ne passe sans être accompagné d’un officier d’état-major ! Si tu fais encore un pas, je te plante ma baïonnette dans le ventre !
-Il menace l’empereur !
-Pétez-lui la gueule !
-Mais il n’est pas accompagné d’un…
-Laissez-le ! C’est lui qui a raison. Il a appliqué la consigne. Ce grenadier mérite non pas une punition mais bien une récompense ! »
Mai 1809. Si ce grenadier se fait rabrouer de coups par des hussards, c’est parce qu’il a refusé le passage à l’Empereur. Il s’appelle Jean-Baptiste Coluche. S’il a fait ça, c’est tout simplement parce que c’était Napoléon lui-même qui lui en avait intimé l’ordre : personne ne passe sans être accompagné d’un officier d’état-major. Fier de voir que les ordres étaient appliqués, Napoléon sauve le malheureux zélé. Cette anecdote, comme toutes celles recensées dans cet album, est vraie. Après Le petit théâtre des opérations s’attachant aux histoires improbables des deux guerres mondiales du XXème siècle, le scénariste Julien Hervieux s’attaque aux guerres napoléoniennes.
Le recueil s’ouvre avec Antoine Charles Louis de Lassalle. Ce cavalier téméraire était un véritable trompe-la-mort, terrorisant ses ennemis par son intrépidité aveugle. La roulette russe de la vie ne pouvant pas être à tous les coups victorieuse, Lassalle mourra à seulement trente-quatre ans. Si Madame Sans-gêne était le sobriquet de Catherine Hubscher, l’épouse du maréchal Lefebvre, la vraie Madame Sans-gêne, c’était Marie-Thérèse Figueur. Belliqueuse, grossière, elle démontra que ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on ne peut pas être au front. Direction la mer, avec l’amiral Dmitry Senyavin. « Victime » collatérale du traité de Tilsit, le militaire se verra contraint par Napoléon de changer d’ennemis. Il se refusera à tirer sur les anglais, préférant se ranger derrière une neutralité moins illogique. Plus loin, on rencontrera un cheval de guerre vorace et on apprendra que les femmes furent autorisées à accompagner leurs époux soldats sur les campements de combat.
CamillePrieur & Vincent Malgras dessinent et colorisent ces anecdotes de guerre plus incroyables les unes que les autres. Dans une digne filiation de Jean Solé, l’un des maîtres historiques de Fluide glacial, ils dépeignent ces situations cocasses et ces êtres obstinés et dévoués (N’est-ce pas, Daumesnil ?), zélés et têtes brûlées. Entre les courts récits, un portrait des personnages principaux permet de les connaître mieux. Des informations à la limite du gag (et pourtant véridiques elles-aussi) sont autant de respirations entre chaque histoire. Pied droit et pied gauche sont différenciés depuis cette époque, et déjà, en ce temps-là, ces crétins de chasseurs lâchaient des bestioles pour satisfaire leurs tout-autant crétins de congénères qui tiraient sur ces animaux semi-apprivoisés se ruant vers les humains sans s’en méfier.
Abel Gance a filmé Napoléon. Serge Lama l’a chanté. Hervieux, Prieur et Malgras rétablissent la vérité vraie dans ce petit théâtre des opérations napoléoniennes. Instructif et drôle.
Série : Le petit théâtre des opérations présente
Tome : Les guerres napoléoniennes
Genre : Humour historique
Scénario : Julien Hervieux
Dessins & Couleurs : CamillePrieur & Vincent Malgras
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206878
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €