Le dernier voyage est le plus beau
« -Salut… C’est moi… Emile !
-Joanne.
-T’es là depuis longtemps ?
-Deux heures.
-Voilà le camping-car où on vivra.
-Oh. Parfait.
-Pour l’itinéraire, on ne s’est pas encore mis d’accord…
-Ça n’a pas d’importance pour moi.
-Bon. Alors, on sait pas où on va, mais on y va ! »
Joanne est une jeune femme solitaire de 29 ans. Un jour, elle tombe sur une petite annonce sur le net. Un jeune homme de 26 ans, condamné par un Alzheimer précoce, cherche une ou un compagnon de voyage pour un périple en camping-car dans les montagnes françaises. Au programme, randonnées avec tentes et sac-à-dos. Le départ est prévu le plus rapidement possible. L’histoire pourrait durer jusqu’à deux ans. Le profil recherché est celui de quelqu’un pas effrayé par des conditions de vie rudimentaires et qui a envie de partager une aventure humaine. Joanne se reconnaît dans le profil et contacte Emile, l’auteur du post. Deux jours plus tard, c’est déjà le départ.
Cohabiter dans un endroit aussi exigu qu’un camping-car, qui plus est quand on ne se connaît pas, c’est un véritable challenge. Mais quand il y a du respect de l’intimité et une entente cordiale avec bien sûr ses compromis, il n’y a pas de problème. Joanne et Emile vont rapidement trouver cet équilibre. Joanne, qui vit une rupture, a besoin d’espace et de calme. Emile, condamné par les médecins, est parti comme un voleur, sans le dire à sa famille. Il a refusé un essai clinique et ne souhaite pas que les siens assistent à sa dégénérescence. Déjà que leur comportement changeait… Au fil de leur voyage, les deux exilés vont découvrir des villages et des habitants de moyenne montagne. Ils vont faire des rencontres qui vont les poser, les apaiser. Evidemment, leur amitié va évoluer, se transformer… jusqu’à l’inévitable, jusqu’à l’inéluctable.
Carbone transpose au mieux le best-seller de Mélissa Da Costa. Quel défi que de transformer un tel succès de la littérature populaire, dans le sens noble du terme, en un roman graphique. Cette expression est fréquemment employée à tort et à travers, mais elle se justifie ici par le fait qu’on lit un roman dessiné. L’émotion est au rendez-vous, avec même une petite larme à la fin. Bien sûr, les puristes déploreront quelques raccourcis inévitables, mais ceux qui n’ont pas lu le livre originel ne remarqueront rien. Carbone se place du point de vue de Joanne et transforme le lecteur en troisième passager du camping-car. Juliette Bertaudière adopte un trait rapide, jeté, parfois un peu trop proche d’un story-board. Certains passages auraient mérité plus de finesse. Là où la dessinatrice ose et excelle, c’est dans la mise en couleurs. Loin d’être conventionnelle, dans des bichromies jaune-bleu nuit, ou jaune-rose, elle fait tout le charme de l’adaptation.
Le roman Tout le bleu du ciel a fait le succès de Mélissa Da Costa avec 1,2 millions d’exemplaires vendus. La bande dessinée Tout le bleu du ciel relève le gant de faire celui de ses adaptatrices. L’émotion est au rendez-vous.
One shot : Tout le bleu du ciel
Genre : Road movie
Scénario : Carbone
D’après : Mélissa Da Costa
Dessins & Couleurs : Juliette Bertaudière
Éditeur : Albin Michel
ISBN : 9782226482709
Nombre de pages : 256
Prix : 24,90 €