Love sixties
« -Salut, Monique !
-Salut !
-Ça va ?
-Oui, oui, mon père me fatigue, mais bon… C’est pas nouveau !
-Ha ha ha ! Qu’est-ce qu’il t’a fait, encore ?…
-Oooh, rien de spécial, mais il se croit encore dans les années 50… Pfff… Et demain, il faut que je lui reparle de la bagnole…
-Il veut toujours pas ?
-Noooon ! Il est pénible, je te jure !…
-Qu’est-ce que tu vas faire «
Mai 1967. De part et d’autre de la Garonne, les villages de Larroque et de Castelnau ont enterré la hache de guerre pour fêter la victoire de l’équipe de rugby de Montauban en finale du championnat de France. Yveline vient d’avoir son bac. A à peine 18 ans, elle va monter à Paris poursuivre ses études. Elle de la chance que son père la soutienne. Ce n’est pas le cas de Monique qui doit supporter son père réac’. Elle va devoir lui annoncer qu’elle n’a nullement l’intention de travailler à la briqueterie familiale cet été. Elle préférerait être monitrice au centre aéré. Yveline a un petit copain, Pascal. Il voudrait aller plus loin mais elle ne se sent pas prête. Monique, elle, ne va pas tarder à séduire Eric, l’instituteur du village et directeur du centre aéré. Cela sera-t-il du goût de son père ? Un communiste dans la famille, ce n’est pas tellement compatible.
Les vents ovales est une chronique immersive dans la France rurale des Trente Glorieuses, cette période bénie de plein emploi quelques années après la guerre. Une époque insouciante… Insouciante ? Oui. Mais une révolution n’allait pas tarder à arriver : celle de Mai 68. Pour l’instant, nous n’y sommes pas encore. Et pour comprendre le phénomène, il est nécessaire de remonter quelques mois en amont. C’est l’objet du premier tome de ce triptyque. On met le décor en place. On installe les acteurs. Parmi eux, outre ceux déjà cités, il y a le curé de Castelnau, accessoirement entraîneur de l’équipe de rugby du village. François, lui, le père de Monique, s’occupe des juniors de Larroque, en plus de son boulot de patron de la briqueterie. La famille d’Yveline est nombreuse. Elle a trois frères. Ses parents sont métayers sur les terres du Marquis. Tout ce petit monde mange, vit et dort rugby, sauf Monsieur Vassiliu, alias « le grec », le cordonnier de Larroque, que ça laisse indifférent.
Dans l’esprit de Magasin général, Jean-Louis Tripp et Aude Mermilliod proposent une immersion dans le temps et hors du temps. Dieu, que cette période était bénie. C’était un temps où les gens savaient prendre le temps. Alors que Tripp partait sur une « simple » évocation du rugby de son enfance, le duo de scénaristes s’est rapidement rendu compte que Mai 68 pointait son nez à l’horizon, avec son lot de problématiques : l’émancipation, l’avortement, les conflits de générations. Le féminisme naissant commençait à changer la société. Il allait falloir du temps. Mais ça, les protagonistes ne le savaient pas encore. Chaque chapitre du récit recontextualise les événements s’étant déroulés ce mois-là. Dans un réalisme souple, Horne dessine cette histoire d’ambiance, sublimée par les couleurs de Delf, légèrement jaunies, comme si on y était.
Historique et feel-good, Les vents ovales s’annonce comme un témoignage d’un tournant de l’Histoire de France vu par le prisme de la province. Le tome 2 va arriver très rapidement. Aussi vite que les vents de Nanterre atteindront le Sud-Ouest ?
Série : Les vents ovales
Tome : 1 – Yveline
Genre : Chronique de vies
Scénario : Aude Mermilliod & Jean-Louis Tripp
Dessins : Horne
Couleurs : Delf
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9791034762347
Nombre de pages : 136
Prix : 26 €