Des peintures rupestres au numérique
« Ce voyage fantastique dans l’histoire de l’école émeut et ravit le cancre que j’ai été et le prof que je suis devenu. » (Daniel Picouly)
En neuf chapitres, les auteurs détaillent l’histoire de l’éducation à l’école et en famille. On a tous en tête Charlemagne. Mais avant lui, il y a eu la Préhistoire et l’Antiquité. Hé oui, avant l’invention de l’écriture, qui marque la fin de la Préhistoire, on éduquait ! Les peintures rupestres en témoignent. Et pas qu’elles. Des chercheurs ont analysé des débris de pierres différents montrant que des hommes apprenaient à d’autres, certainement plus jeunes, comment fabriquer des outils. Dans l’Antiquité, l’Empire romain a laissé ses traces conquérantes. On y découvre les premiers véritables enseignants comme le primus magister. Les esclaves amenaient les enfants à l’école où régnaient les châtiments corporels.
C’est au Moyen-Âge que l’école évolue, avec notamment l’influence de l’Eglise et ses écoles épiscopales dès le VIème siècle. Charlemagne n’a donc pas inventé l’école, n’en déplaise à France Gall. Il l’a restaurée, pour contrôler ce qui se passait dans son empire. Il a imposé une écriture transformée, la caroline, plus lisible et plus facile à reproduire. On a réfléchi aux contenus des enseignements avec les arts libéraux divisés en deux groupes : le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie et musique) composent les sept disciplines base de l’enseignement de l’élite. Plus tard, ce sera la création de l’Université. On verra tout au long du chapitre que tout le monde n’était pas logé à la même enseigne. Du côté des filles, et du côté des paysans, c’était plus compliqué.
A la Renaissance et dans l’Ancien Régime, à partir du XVème siècle, on repense l’éducation et l’enseignement. L’invention de l’imprimerie change la donne, même si l’élite est encore privilégiée, en ayant accès aux collèges, correspondant à l’ensemble de l’enseignement secondaire d’aujourd’hui. On y enseignera l’activité physique et il y aura des récréations. L’enseignement élémentaire se développe, en ville comme en campagne, mais en milieu rural selon des initiatives de mécènes ou des communautés d’habitants. L’église locale contrôle tout. On arrive ensuite à la période de la Révolution, avec ses ambitions et ses évolutions paradoxalement modestes concernant le sujet. Juste avant, l’Encyclopédie dirigée par Diderot et d’Alembert, puis surtout Emile ou de l’éducation par Rousseau, jettent un pavé dans la mare. Si le premier témoigne d’une évolution dans le besoin de transmission, le deuxième s’attire les foudres de l’Eglise. Rousseau prône une éducation par des précepteurs plutôt qu’au collège. En 1794, Joseph Lakanal publie un décret demandant l’ouverture d’écoles publiques gratuites… mais autorisant l’ouverture d’écoles privées. Sous le Consulat et l’Empire, le monde éducatif est sous contrôle. Napoléon veut repenser les écoles centrales issues de la Révolution. En 1802, Fourcroy créé les lycées, avec les internats permettant de mieux encadrer et contrôler les élèves. En 1808, l’empereur réactualise le baccalauréat, diplôme consacrant les années d’enseignement. Il devient le premier grade universitaire. Au XIXème siècle, la loi Guizot instaurera l’enseignement primaire d’Etat. L’école primaire deviendra gratuite et obligatoire. Le XXème siècle tente une école plus juste. Le XXIème recherche de nouvelles approches de réflexion avec des enjeux de laïcité, de climat scolaire, de lutte contre le harcèlement et d’usages du numérique.
Jean-Yves Séguy, maître de conférences émérite en sciences de l’éducation, ne survole pas l’incroyable histoire de l’éducation. Il la détaille avec minutie sous le dessin d’Eva Rollin et les couleurs de Nicolas Bègue qui évoluent au fil des siècles racontés. « Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligences humaines. » disait Victor Hugo. Avec les élèves d’aujourd’hui, il va falloir de l’engrais transgénique pour arriver à les mettre en valeur. Et ce ne sont pas les ministres qui se succèdent à un rythme effréné et les programmes changeant façon girouette qui vont arranger les choses. Il faut la foi pour enseigner. C’est l’espoir dans les générations futures qui fait tenir les enseignants. Ce livre a le mérite de démontrer que l’éducation, ça a quand même servi à quelque chose, et ça peut encore servir à quelque chose.
One shot : L’incroyable histoire de l’éducation
Genre : Histoire
Scénario : Jean-Yves Séguy
Dessins : Eva Rollin
Couleurs : Nicolas Bègue
Éditeur : Les arènes BD
ISBN : 9791037511072
Nombre de pages : 280
Prix : 26 €