XIII thérapie
« -Jodie ! Ça fait longtemps !
-Pardonnez-moi, mais…
-Je m’appelle Narcisse… Et nous sommes des amis d’enfance, Jodie. Lili m’a tout raconté.
-Tout ?
-Enfin ! L’essentiel… »
Amnésie complète, disait la lettre du médecin. Lorsque Jodie revient dans son village d’enfance, tout le monde sait déjà qu’elle a perdu la mémoire dans un accident de voiture. Retourner aux sources pour retrouver son passé, être attendu par ses souvenirs, replonger dans une vie avec ses plaisirs, ses doutes, ses bonheurs et ses peurs, Jodie prend rendez-vous pour une deuxième naissance. La jeune femme est accueillie par Narcisse, aujourd’hui facteur, jadis un de ses amis d’enfance. La grand-mère de Jodie vient de décéder. L’employé de la poste la connaissait très bien. Il va guider Jodie sur les pas de son passé, et, en premier lieu, l’installer dans la maison où elle habitait avec ses parents, morts depuis cinq ans déjà. Jodie est bien décidée à refaire le puzzle, mais tout le monde n’a pas envie qu’elle remette les pièces en place.
L’histoire est une enquête tout ce qu’il y a de plus classique. On ne peut pas dire loin de là que Lettres mortes réinvente le polar. Lettres mortes est « le polar », genre en soi, polar campagnard, polar de petit village où tout le monde se connaît mais personne ne sait ce qu’il se passe chez son voisin quand la porte est fermée. Christian Lallemand au scénario et Tangi au dessin signent leur premier album. De grands personnages élancés, une pure ligne claire et des tons grisâtres, le graphisme et la colorisation ne sont pas sans rappeler les débuts de Christian Durieux avec la série Avel. Quand on voit le chemin fait depuis par cet auteur, on souhaite le même destin à Tangi.
Ce qu’il y a de bien avec les éditions du Tiroir c’est que, même quand elles publient des albums inédits d’auteurs contemporains, ceux-ci on la savoir des vieux récits oubliés, non pas qu’ils soient désuets, mais ils ont cet esprit et cette saveur dans le fond et dans la forme. Avec Lettres mortes, on ne peut s’empêcher de penser aux enquêtes de Félix par Maurice Tillieux. Nuages et scènes de pluie, 4L et bistro de village, tout est réuni pour se retrouver dans heroïc-albums si ça existait encore. Il y a même la page avec plus de textes que de dessins, comme dans toutes les histoires où Tillieux n’avait plus assez de place pour finir. Ici, ce n’est pas un fait exprès mais évidemment un clin d’œil.
Lettres mortes montre que le polar « à papa », expression tout sauf péjorative, est encore vivant, et c’est tant mieux.
One shot : Lettres mortes
Genre : Polar
Scénario : Christian Lallemand
Dessins & Couleurs : Tangi
Éditeur : Editions du Tiroir
ISBN : 9782931027967
Nombre de pages : 56
Prix : 15 €