Les morts de l’or
« -Désolée, messieurs mais toutes nos chambres sont occupées pour le moment.
-Comment ça ?
-Tu te fous de notre gueule, oui ?… C’est pas ce qu’on nous a dit pourtant !! Y a plus personne qui fréquente ton bouclard depuis es semaines !… (…)
-Si on vous dit qu’il n’y a pas de place ici, c’est qu’il n’y en a pas !
-Et toi t’es qui comme genre de guignol ?
-C’est moi le patron ici ! »
La fréquentation de l’Infierno n’est pas au beau fixe. Alors, si Yin Li refuse l’hospitalité à la poignée de soldats qui cherchent un gîte, c’est qu’elle ne les sens pas du tout. Ils repartent sous la pluie battante, menaçant le Bouncer d’une fin de règne. Il n’y a pas que la pluie qui soit « d’enfer » à Barro-City, il y a aussi l’ambiance. Non pas parce que le Pink Lady’s a ouvert à quelques mètres du saloon du Bouncer, mais parce qu’une troupe louche semble vouloir faire main basse sur la ville. Le Maire est malmené et sa maison squattée. Le shérif est laissé pour mort et le juge se voit contraint de prendre des suppléants. Ça, notre Bouncer ne le sait pas encore, mais il voit bien que si la ville attire les pires salopards de tout l’Ouest c’est parce qu’il y a depuis peu une foutue banque et du foutu or ! Pour l’instant, tout le monde se terre à cause de la pluie incessante, sauf les morts dont les intempéries font sortir les cercueils du sol.
Le Colonel Carter, de l’armée américaine, est là pour assurer la sécurité de la ville. Ça, c’est ce que pense le Maire quand il pratique la méthode Coué. Le gradé à l’œil d’or n’est pas là pour les beaux yeux de l’édile. Ses plans risquent cependant d’être perturbés par l’arrivée en ville de Bartoloméo Grandini et de son assistante Miss Wanda. C’est un magicien. Et comme chacun le sait, un magicien, ça sait faire disparaître les choses. Boucq le sait depuis La femme du magicien, album mythique qui l’a fait connaître du grand public. Parmi les personnages étranges de l’épisode, il y a aussi une indienne, aussi muette que massive.
« Hécatombe ». Rarement un album aura si bien porté son nom. Arrêtez de compter les cadavres, vous vous y perdrez. Et parmi eux, vous risquez d’être surpris, il y aura des personnages emblématiques de la série. Pour son retour après plus de cinq ans d’absence, François Boucq a décidé de mettre un grand coup de sabot de cheval dans la série, un strike dans une partie de bowling. Après le diptyque L’or maudit/L’échine du dragon qui était une sorte de road movie, Hécatombe commence comme un huis-clos, avant de sortir de la ville dans sa deuxième partie. Boucq garde en filigrane l’esprit Jodorowsky, co-créateur de la série, non seulement avec la magie Grandini, mais avec ce qui va arriver au personnage dans un final shamanique. Graphiquement, il reste un maître. Il n’y a rien à dire de plus.
Ce nouvel album de Bouncer résonne comme un grand final. C’est en fait un nouveau départ annoncé. Boucq nous offre un grand et dense western en cent-quarante planches. C’est là qu’on voit que des séries peuvent encore être aussi fortes que des one shot.
Série : Bouncer
Titre : 12 – Hécatombe
Genre : Western
Scénario & Dessins : François Boucq
D’après : Boucq & Jodorowsky
Couleurs : François & Alexandre Boucq
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344030141
Nombre de pages : 144
Prix : 24,95 €