L’empreinte du maquis
« -Pépé, c’est toi, là ? (…) Mais là, qu’est-ce que tu fais, tu es un bandit ?
-C’est vieux tout cela, c’était au temps du maquis.
-Le maquis ?! Tu étais dans la Résistance, alors ?
-C’était en 1944… Tu vois, ça a été à la fois les journées les plus belles de ma vie, et sans doute aussi les plus dures. »
2013, Aurélie vient s’occuper de la maison de son grand-père aujourd’hui disparu, à Vassieux-en-Vercors. Elle se remémore alors lorsque, quinze ans plus tôt, sa mère l’a confiée pour quelques jours à son pépé, pour passer quelques jours de vacances. Le téléphone portable ne passait pas. Il allait falloir s’occuper. Alors qu’elle pensait passer une semaine de galère, Aurélie allait faire un voyage inoubliable dans le temps et dans l’Histoire. Après avoir trouvé une photo de son grand-père une arme à la main, elle lui avait demandé de l’emmener sur les lieux où elle avait été prise. Elle avait trouvé le sujet de son dossier d’Histoire à rendre à la rentrée.
A bord d’une 2 CV camionnette, le patriarche amène sa petite fille au Col de la Bataille, à 1313 mètres d’altitude. Il retrouve la ferme qui a abrité un des premiers maquis de France à l’hiver 42-43. En cas de besoin, ils pouvaient se cacher dans la forêt. Lui, a intégré la Résistance à l’été 43, après un long voyage depuis Grenoble jusqu’à la ferme d’Ambel. Avec ses camarades, ils écoutaient les messages codés sur la BBC, puis partaient en mission comme ce jour où ils sont allés récupérer des caisses parachutées par des avions alliés avec des armes, des minutions, des chaussettes,… Il fallait se méfier de tout, et en particulier des miliciens déguisés en randonneurs pour faire des repérages. Papi raconte tout, des combats sanglants jusqu’à la Libération. En même temps, il amène Aurélie sur tous les monuments du souvenir érigés dans la région.
Le scénariste Jean-Yves Le Naour met à l’honneur non pas un personnage historique, mais un lieu, le plateau du Vercors, haut lieu de la Résistance, qui a vu défiler quatre mille maquisards. L’occupant ne leur a pas fait de cadeaux. Le lieu est devenu également un terrain de répression impitoyable et sanglante. La « petite » histoire familiale d’Aurélie n’est qu’un prétexte pour habiller le reportage historique d’une émotion particulière, pour lui donner une âme à laquelle on s’attache. Ça fonctionne bien. Au dessin, on retrouve avec plaisir le trait réaliste de Claude Plumail, rappelant les belles heures où il était assistant du grand Julio Ribera. Après Romain Gary et Simone Michel-Lévy, c’est le troisième album de la collection des Compagnons de la Libération qu’il met en images. Un cahier documentaire complète la BD, concrétisant encore plus les lieux et les acteurs du récit.
Il n’y aura jamais assez de récits traitant des conflits passés. Les Compagnons de la Libération contribuent au devoir de mémoire avec des histoires relatant des faits et des vies en toute objectivité.
Série : Les compagnons de la Libération
Tome : 9 – Vassieux-en-Vercors
Genre : Histoire
Scénario : Jean-Yves Le Naour
Dessins : Claude Plumail
Couleurs : Fabien Blanchot
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 978281899335
Nombre de pages : 56
Prix : 16,90 €