La première BD du Moyen-Âge
« -Noble Harold, la vieillesse m’engourdit. Je n’ai pas eu d’enfant et je veux que l’Angleterre demeure en paix après moi. J’ai décidé de désigner mon cousin Guillaume de Normandie, pour me succéder sur le trône.
-Mon roi, je pars sur le champ pour la Normandie porter cet important message. »
XIème siècle. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, règne sur son duché s’étendant du Mont-Saint-Michel à la baie de Somme. Il est le petit cousin d’Edouard le Confesseur, roi d’Angleterre depuis 1042. Le beau-frère de ce dernier, Harold de Wessex, est Comte dans une riche région du Sud de l’Angleterre. Il est très influent. Le roi Edouard n’ayant pas de descendance décide de mettre sur le trône son cousin normand Guillaume. Harold est chargé d’aller le lui annoncer. A peine débarqué sur le continent, Harold est fait prisonnier par le Seigneur Guy de Ponthieu qui réclame une rançon pour sa libération. Guillaume en est informé et exige sa libération. La suite, on vous la laisse découvrir sur la célèbre tapisserie de Bayeux ou dans cette bande dessinée dont les cases sont des photographies de l’œuvre originelle.
Entre Guillaume et Harold, c’est une histoire d’amitié un peu et de haine surtout qui va s’instaurer autour du trône d’Angleterre, avec comme point d’orgue la bataille sanglante de Hastings le 14 octobre 1066. Broderie de laine sur toile de lin, la tapisserie de Bayeux raconte deux ans d’histoire, de 1064 à 1066, sur près de soixante-dix mètres de long. Elle aurait été conçue juste après le grand affrontement, commandée à un atelier anglais par l’évêque Odon de Conteville, demi-frère de Guillaume le Conquérant. On l’appelle aussi tapisserie de la Reine Mathilde.
Conservée jusqu’au XVIIIème siècle en la cathédrale de Bayeux, la tapisserie possède aujourd’hui son propre musée dans la ville. Bénéficiant d’un éclairage spécifique afin de ne pas altérer les couleurs des laines, elle se parcourt dans un long couloir avec un audio-guide. Elle est inscrite au registre Mémoire du Monde de l’UNESCO. L’album est une véritable bande dessinée. Les auteurs l’ont découpé en cases. Ils ont ajouté cartouches narratifs et phylactères pour qu’on la lise avec la fluidité inhérente au genre. Gilles Pivard et Arthur Shelton concluent leur livre par un cahier explicatif. On s’arrête sur sa composition en trois parties. La partie centrale est celle représentée dans la BD. C’est le cœur de l’œuvre. La broderie est accompagnée d’un texte. Une frise supérieure est essentiellement composée d’animaux réels ou fantastiques. La frise inférieure est composée de scènes issues de fables antiques et de travaux des champs. De 1077 à 1983, la chronologie de la tapisserie est rappelée. Les auteurs s’attardent ensuite sur le côté historique et la façon dont la réalité est représentée. Petite curiosité, l’astre que l’on nommera comète de Halley figure sur la tapisserie plus de six cents ans avant son découvreur.
Si les puristes de la BD attribuent au suisse Rodolphe Töpffer la genèse de cet art, on peut sans conteste remonter bien en amont. La tapisserie de Bayeux semble bel et bien être la première bande dessinée au sens littéral du terme.
One shot : La tapisserie de Bayeux en bande dessinée
Genre : Histoire
Auteurs : Gilles Pivard & Arthur Shelton
Éditeur : Orep
ISBN : 9782815106580
Nombre de pages : 48
Prix : 12,90 €