Audiard est dans la place !
« -Alors, qu’est-ce qui se passe, Jo ?
-J’ai des emmerdes. Un mec qui me cherche su suif.
-Qui ça ?
-Bébert-la-gambille. Un pote de l’ancien temps, vous voyez ce que je veux dire ? Il a pris vingt piges pour un casse glandilleux, sauf que les vingt piges sont devenues dix et qu’il vient de sortir. »
Juin 1967, Paname… Paris, quoi. Jo n’est pas transporté de joie que son pote Bébert-la-gambille soit sorti de taule. Ils ont fait pas mal de turbin ensemble dans le temps mais se sont quittés sur une mauvaise note. Jo a refusé de participer au coup foireux qui a amené Bébert en prison. Ce dernier pense que c’est Jo qui l’a balancé et est même persuadé qu’il lui a piqué son grisbi, un butin estimé à deux cent cinquante mille francs. Il lui a donné un mois pour le rembourser. Jo raconte tout ça à ses potes Toine et le Grizzli et leur demande de mettre leur nez dans l’affaire.
Un drôle de chabanais sent bon les films de truands aux dialogues signés Michel Audiard, Un drôle de chabanais, ça signifie « un sacré bordel ». Ça va chauffer entre flics et truands, deux mondes entre lesquels la frontière n’est pas si épaisse que ça. Guy Roussel, alias Le Grizzli, est un ancien boxeur. Dans le fond et dans la forme, il a tout de Lino Ventura qui jouait ce genre de rôles au cinéma après avoir été catcheur. Aujourd’hui, le Grizzli est rangé des voitures. Enfin, pas toutes, parce qu’il s’est reconverti en concessionnaire auto chez Citroën, qui a avalé Panhard. Il est un peu nostalgique mais c’est la vie. Ancien garçon d’écurie, Toine est dans les canassons. Son paradis, c’est les champs de courses. C’est là qu’il est interpelé par l’inspecteur Gourmé, de la police judiciaire du fameux et mythique Quai des orfèvres. Le flic lui demande de le rencarder dès qu’il a vent de quoi que ce soit sur Bébert qui chercherait à se venger de Jo.
Matz, c’est un homme, un mec, un mastard, un costaud. Matz, c’est aussi le scénariste de cette série, hommage au polar noir français des années 60, avec des truands attachants, des flics qui n’hésitent pas à flirter avec la racaille, et des traîtres de tous les côtés. Rien n’est ni tout blanc, ni tout noir dans ce monde là. S’il a choisi ce pseudonyme là, c’est justement pour son amour du genre, et en particulier pour l’œuvre d’Albert Simonin, auteur de Touchez pas au grisbi ! Léo Malet, Frédéric Dard et Alphonse Boudard veillent également sur cette série qui permet de ne pas les oublier. Les dialogues sont dans leur jus. Il y a un petit lexique en fin d’albums pour ceux qui le jugerait nécessaire, mais l’intrigue se comprend parfaitement sans. Avec son trait semi-réaliste si familier depuis Rails, une des séries qui a fait le succès des éditions Delcourt au démarrage, Fred Simon donne vie à cet univers sixties dans lequel les femmes tiennent aussi leurs rôles pivots. Qu’est-ce qu’on serait sans les prix de Diane ?
Allez, les gonzes et les greluches ! Roteuse au frais et bouquin dans les pognes, au page, au burlingue ou dans la tire, lisez Le Grizzli. Du vrai bon polar d’antan qui marche aussi bien maintenant.
Série : Le Grizzli
Tome : 1 – Un drôle de chabanais
Genre : Polar
Scénario : Matz
Dessins & Couleurs : Fred Simon
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205089714
Nombre de pages : 64
Prix : 16,95 €