L’art de l’adolescence
« -Bien dormi, Miss Charity ?
-J’ai eu des rêves déplaisants…
-C’est bien fait ! Vous en avez fait de belles, hier, au pique-nique.
-Plaît-il ?
-Tout le monde dit que vous avez outrageusement flirté avec Mr Bertram ! »
A Dingley Bell, Miss Charity a quinze ans. A présent, elle n’est plus une enfant. Si les fleurs et les champignons n’ont pas de secrets pour elle, il n’en est pas de même pour la condition et les comportements humains. C’est ce qu’elle va essayer de comprendre. Elle entretient une correspondance avec Mademoiselle Blanche qui, à Londres, cherche à devenir la préceptrice de nouvelles jeunes filles. Sa cousine Ann est divertissante mais qu’est-ce qu’elle s’écoute parler. Il y a également à Bertram Manor le cousin Philip, à la peau collée aux pommettes et aux cernes bistres sous les yeux pour qui Ben Jonson est un bien meilleur dramaturge que William Shakespeare, avis qu’elle ne partage pas. Toujours est-il qu’il vont entretenir une certaine complicité. Au milieu de tout ça, Charity a ses animaux : Cook, le canard bavard, Peter, le lapin, et sa famille Millie, Ernest et Pancrace. Des bestioles qui vont lui être très inspirantes.
Dans une Angleterre victorienne fin d’époque, une petite fille avec une passion atypique et un caractère déterminé va vivre les plus belles années, celles de l’enfance et de l’adolescence qui font ce que l’on devient. Après avoir suivi ses premières années, c’est une adolescente qui entre dans la vie que nous accompagnons dans ce deuxième épisode. Pour ses parents, Charity Tiddler n’est qu’une ombre destinée à rester à sa place, à être éduquée par des précepteurs et soignée par des bonnes. Mais grâce à un enthousiasme pour les petits animaux et la nature, l’enfant va prendre en main son destin. La faconde avec laquelle elle répond à son entourage, toujours avec respect mais avec aplomb, fait d’elle une figure du féminisme avant l’heure.
Paru en 2008 dans la collection Medium de L’Ecole des Loisirs, Miss Charity est un roman de Marie-Aude Murail, l’une des plus grandes romancières jeune public. Il fallait tout le savoir-faire d’un Loïc Clément pour l’adapter sans « abimer » ses mots. En choisissant de conserver de nombreux récitatifs, Clément permet à la bande dessinée de garder ce côté littéraire si fusionnel avec l’époque des faits relatés. Marie-Aude Murail s’est inspiré de la vie de Beatrix Potter, la célèbre autrice de Pierre Lapin, Sophie Canétang, Tom Chaton, Madame Trotte-Menu et compagnie. Née en 1866 en Angleterre, à la fois autrice, illustratrice et naturaliste, elle figure parmi les précurseurs dans l’anthropomorphisme animal. Qui donc mieux qu’Anne Montel, dessinatrice du fabuleux temps des mitaines pour se glisser dans son sillage ? La dessinatrice a dans son trait la classe victorienne qui sied si bien à l’histoire de Miss Charity. Une planche transforme un jeu de vérité en plateau de jeu de l’oie semblant tout droit sorti d’une boîte vintage. Les couleurs aquarelles rythment les séquences joyeuses ou tristes.
Miss Charity nous invite dans le petit théâtre de sa vie, avec son lot de rires et de pleurs, son aspect comédie et son côté tragédie. La vie, quoi.
Série : Miss Charity
Titre : 2 – Le petit théâtre de la vie
Genre : Poésie victorienne
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Anne Montel
D’après : Marie-Aude Murail
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782369816867
Nombre de pages : 120
Prix : 16 €