Leconte est bon pour le reporter à la houppe
« Quand j’étais enfant, Tintin était comme mon grand-frère. Plus tard, à l’adolescence, je me suis considéré comme son jumeau (même si ma vie était nettement moins aventureuse que la sienne). Et puis, les années passant, il est spontanément devenu mon cadet, lui qui a la chance de ne pas vieillir. Toujours est-il qu’il ne m’a jamais quitté. »
Cinéaste connu et reconnu, Patrice Leconte n’a jamais caché sa passion pour les aventures du jeune reporter à la houppe. Leconte a débuté dans la bande dessinée, avant de faire du cinéma. Il a dessiné dans Pilote et dans Fluide glacial. Depuis quelques années, il tente de monter Les bijoux de la Castafiore en film, mais les droits sont encore en possession de Paramount. On ne sait d’ailleurs toujours pas si Peter Jackson se lancera un jour dans le film qu’il devait faire après celui de Spielberg. Bref, refermons ici cette parenthèse cinématographique pour revenir sur le sujet qui nous intéresse, à savoir cet abécédaire signé Patrice Leconte.
De A comme Abdallah à Z comme Zorrino, Leconte prouve son amour pour l’œuvre de Georges Remi. Mais attention, ou plutôt « tant mieux », nous ne sommes pas ici en possession d’un dictionnaire, mais bien d’un abécédaire. Leconte ne définit pas chaque personnage ou chaque entrée, car le livre n’est pas une succession de portraits des acteurs, mais il raconte ses sentiments sur chaque sujet qu’il traite. Leconte emploie le « je » à bon escient. Ce livre est le sien. On entend sa voix. Il se dévoile à travers cet univers si familier de tous.
Dans le paragraphe « Appartement », il imagine comment est le dressing de Tintin, remarquant au passage que le reporter est descendu d’un étage rue du Labrador. Et maintenant qu’il loge à Moulinsart, son appartement doit être à louer. Dans l’entrée « Canicule », Leconte est bouleversé par l’impressionnante chaleur qui fait fondre le bitume, à une époque où l’on ne parlait pas encore de réchauffement climatique. L’auteur est angoissé par les annonces de Philippulus le prophète sur la fin du monde. Leconte s’attarde longuement sur les couvertures, les comparant à des affiches de films. Chassez le naturel, il revient au galop. Ces couvertures sont des invitations à ouvrir les albums. Qui le fera en premier ? Patrice ou son grand-frère François ? C’est à qui gagnera la dispute. Leconte se demande pêle-mêle de quoi vit Tintin ? Comment il gagne de l’argent ? Il réfléchit sur sa famille et fait une analogie avec le Rémi de « Sans famille » par Hector Malot et le Remi de Georges Remi. Il n’y a jamais de hasard souligne Patrice Leconte. Bien sûr, il est aussi question des personnages, on l’a dit, et il est fort amusé des noms épatants donnés par Hergé à ses personnages, Isidore Lagopède en tête.
Avec Tintin de A à Z, Patrice Leconte fait son film des aventures de Tintin. On imagine ainsi ce qu’il pourrait en faire sur grand écran. En attendant de l’y voir, on peut continuer à lire Tintin. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
One shot : Tintin de A à Z
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Patrice Leconte
Éditeur : Casterman/Moulinsart
ISBN : 9782203257290
Nombre de pages : 132
Prix : 19,95 €