Eternels Blutch et Chesterfield
« –Blutch ! Qu’est-ce que vous attendez ?!
-Allez-y, vous !… Dans le fond, c’est votre métier ! Vous vous y connaissez dans l’art de découper les côtelettes, moi pas !…
-Espèce de petit lâche !… Je vous casserai la figure à mon retour !
-… Si vous en revenez, mon vieux !… Si vous en revenez !…”
Au début des années 60, Morris quitte les éditions Dupuis embarquant avec lui Lucky Luke, le poor lonesome cow-boy. L’éditeur cherche une série de remplacement. Louis Salvérius et Raoul Cauvin proposent les aventures humoristiques d’une bande de quatre soldats nordistes, des yankees de la guerre de Sécession. Les Tuniques Bleues sont nées. Assez rapidement, les gags et histoires courtes laissent place à de grands récits. Le groupe des personnages principaux se réduit à deux. Le sergent Chesterfield et le caporal Blutch deviennent les héros de ce qui deviendra l’une des séries les plus populaires du Neuvième Art. La disparition tragique de Louis Salvérius ne ralentira pas leur ascension, Willy Lambil le remplaçant en plein milieu d’un épisode pour ne plus jamais lâcher la série. Tout cela, et plus encore, valait bien un numéro spécial des cahiers de la BD.
Ce hors-série commence par un entretien avec Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault. Plus grands spécialistes actuels de l’histoire des éditions Dupuis, ils racontent la genèse de la série. On apprend comment, à l’opposé de ce que faisait Morris, Salvérius a imposé une vision de réhabilitation des cultures indiennes. Le succès de la série a été immédiat, les premiers albums étant tirés à 40000 exemplaires. Ça ferait rêver plus d’un auteur de nos jours. L’âge d’or des Tuniques se situe dans les années 70 et 80 avec la sortie de plusieurs épisodes qui deviendront mythiques comme par exemple La prison de Robertsonville, Rumberley ou Blue Retro. Nicolas Tellop analyse ensuite comment les auteurs ont glissé du comique troupier à un certain sérieux, sans jamais oublier l’humour. Il analyse ainsi l’influence de l’uniforme sur l’individu. Chapitre historique pour suivre avec des anecdotes sur des personnages et faits historiques apparaissant dans la série, avant une étude sur la relation entre les deux principaux protagonistes, faisant des analogies avec d’autres duos aussi célèbres que Laurel et Hardy ou autres Don Quichotte et Sancho Panza.
La deuxième partie s’attache au développement de la série. Elle débute par un entretien avec Willy Lambil, toujours au dessin depuis 1972, plus de cinquante ans. Un article sur Arabesque, le cheval de Blutch, fait honneur à cette bête qui a tant de fois sauvé la vie de son maître. L’antimilitarisme de la série est mis en exergue avant que ne soient exposés les douze commandements de l’humour chez les bleus. La troisième et dernière partie commence par une sélection d’extraits d’interviews de Raoul Cauvin, disparu en 2021. On peut également lire quelques planches de Pauvre Lampil, autre série du duo Lambil/Cauvin qui les mettait en abime. L’absurde et la structure de la série sont les articles d’analyse terminant l’ouvrage avant une amusante uchronie imaginant les tuniques bleues en aviateurs.
Les Tuniques Bleues galopent depuis plus de cinquante ans et n’ont pas fini de nous embarquer dans leurs chevauchées. Chargeeeeezzzzz !!!! Oui, mais sur leurs albums plutôt que sur un champ de bataille.
Série : Les cahiers de la BD Hors-série
Tome : Les tuniques bleues L’âge d’or d’une série mythique
Genre : Ouvrage d’étude
Rédacteur en chef : Nicolas Tellop
D’après la série de : Raoul Cauvin, Louis Salvérius & Willy Lambil
Éditeur : Revival
ISBN : 9791096119271
Nombre de pages : 128
Prix : 16,90 €