Bienvenue dans la jungle !
« -Voilà ! On y est ! C’est le repère ! On n’a plus qu’à suivre le fleuve…
-AAArrh ! C’est pas trop tôt ! je sens plus ma jambe !
-Il va falloir changer le pansement…
-J’ai ce qu’il faut à la cabane. Mais sans pirogue, ça servira pas à grand-chose…
-On pourrait attendre que…
-Attendre quoi ? Que les potes de Zachary nous tombent dessus ? »
En plein cœur de l’Amazonie, Max vient d’apprendre de sa bouche même que le Manchot est son père. Celui-ci a été blessé par les hommes envoyés par Hermann, le patron du camp forestier, qu’il a cependant réussi à éliminer. Les deux hommes errent dans la forêt, se dirigeant vers la cabane du barbu, espérant y retrouver Baïa, la jeune femme muette, qui pourrait les ramener à la civilisation en pirogue. Pendant ce temps, Christelle et Charlotte, les infirmières, sont coincées au camp forestier pour soigner Hermann. Max est loin d’avoir résolu ses problèmes familiaux, ou tout simplement paternels, et c’est à Guajeraï que certains comptent pourraient se régler…
Troisième acte pour un Putain de Salopard. Exigence Loisel oblige certainement, l’eau de l’Amazone a coulé sous le Pont qui a mis deux ans à le dessiner. Côté graphisme, ça valait le coup d’attendre. Côté scénario, on reste un peu sur sa faim. Mis à part le fait qu’il faille se replonger dans les deux premiers albums pour se remémorer des relations entre les personnages, il se passe en définitive peu de choses dans cette histoire dans laquelle on aurait aimé un peu plus de densité. Remarquons que le même problème avait été soulevé à moment donné dans Avant la quête. Il n’en reste pas moins que lorsque la série sera terminée, l’ensemble se lira d’un bloc et cet effet de soufflet qui retombe, malgré un final transpirant, passera plus ou moins inaperçu.
On l’a dit, Olivier Pont est magistral. De la forêt amazonienne aux bidonvilles de Guajeraï, on fait le voyage avec Max. Quand on lit des albums comme ça, pas besoin de prendre un billet d’avion pour l’Amérique du Sud. L’immersion est totale. C’est la magie de la bande dessinée. Si les décors sont merveilleux, les personnages sont aussi bien travaillés. Emouvants ou détestables, très belles ou vilains crasseux, ils sont tous campés avec la même attention. Tous les rôles sont traités comme s’ils étaient de premier plan dans un respect du lecteur inestimable.
Malgré un épisode moins fort que les précédents, Un putain de salopard reste une série remarquable qui gagne à être rangée, dans un tout autre style, à côté d’une certaine Quête.
Série : Un putain de salopard
Tome : 3 – Guajeraï
Genre : Aventure
Scénario : Régis Loisel
Dessins : Olivier Pont
Couleurs : François Lapierre
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810202478
Nombre de pages : 80
Prix : 18 €