Répliques
« -Trouvez moi une solution !!!
-Les lignes sont coupées, Monsieur, nous ne pouvons plus…
-C’est insupportable !
-Il paraît que la ville entière est ébranlée…
-On dit que l’opéra s’est effondré !
-Tout le monde fuit vers les docks mais le bruit cour qu’il n’y aurait plus de place en première.
-Il n’y a plus de classes, ma chère. C’est l’apocalypse ! »
Avril 1906. San Francisco se réveille après une nuit d’horreur. Un tremblement de terre a ravagé la ville. Le pire est à venir. Les conduites de gaz sont éventrées. Ça pète de partout. Les cuisinières et les foyers propagent aussi des incendies. Les structures en bois des quartiers industriels flambent comme des fétus de paille. Les pompiers sont désarmés. Leur chef est mort dans l’effondrement de sa caserne. Les canalisations d’eau fuitent de partout. C’est le chaos. Il y a des milliers de blessés et de morts. Comble de tout, des pillards vandalisent maisons et boutiques. Eugène Schmitz, maire de la ville, et le général Frederick Funston, commandant de la garnison du Presidio, organisent les secours. Ça ferait presque oublier qu’un tableau est au cœur de nombreuses convoitises.
A la fin de la première partie de ce diptyque, on avait laissé Judith, la femme de chambre, avec ce fameux tableau de Gustav Klimt qu’elle voulait redonner à son supposé propriétaire le ténor Enrico Caruso. On la retrouve dans les ruines de la cité californienne. Le chanteur lui conseille vivement de le rendre à la mafia. Entre les italiens et les chinois, tous les coups sont permis. Ça va saigner. En interlude, on assiste aux séances de pose, deux ans plus tôt, entre Gustav Klimt et son modèle, Eva, sa Judith. On assiste aux affres de la création, aux souffrances de l’artiste, à l’influence de son modèle. Petit à petit, les pièces du puzzle, les morceaux de la toile, se mettent en place.
Sous couvert d’un contexte historique précis, Damien Marie dévoile les dessous de l’âme humaine avec ses complexités et sa violence. La ville détruite devient une jungle sauvage dans laquelle la végétation a fait place à des constructions dévastées. Les animaux sauvages sont remplacés par des humains aux abois tout aussi redoutables, qu’ils soient vandales ou mafieux. L’histoire du tableau, que l’on croyait être juste un prétexte au milieu du drame, prend une toute autre dimension. Sans que l’on s’en rende compte, le scénariste a mis en place une tragédie, non pas gréco-romaine, mais austro-sino-italienne. Au dessin, Fabrice Meddour détruit scientifiquement le décor qu’il a mis en place dans le tome précédent. On s’y croirait.
San Francisco 1906 est un diptyque puissant, violent aussi bien physiquement que psychologiquement. L’Histoire a montré que la ville s’est relevée de ce grand tremblement. Ce ne sera pas le cas de tous les acteurs du drame.
Série : San Francisco 1906
Tome : 2 – La part du feu
Genre : Drame
Scénario : Damien Marie
Dessins & Couleurs : Fabrice Meddour
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9791041103058
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €