Les plus belles heures de Pif Gadget
« -Ça s’est bien passé à l’école fiston ?…
-… J’ai une composition, je vais faire mes devoirs…
-Tu donnes la papatte, Robert ? C’est pourtant simple… Ce chien doit être idiot ! »
Modeste Minet ressemble à tous les petits garçons de Raminagroville, son pays natal. Mais ça, c’est à première vue. La nature a doté le petit garçon de super-pouvoirs. Cependant, sa maladresse provoque parfois des catastrophes. Personne ne connaît ses capacités hors du commun, même pas ses parents, sauf son chien Robert, qui est son cerveau-chien, et qui lui prête main forte aussi bien pour rédiger un devoir de maths que pour combattre les malfrats en tous genres. Le soir, au lieu d’attendre le passage du marchand de sable, Modeste et Robert enfilent leurs costumes. Supermatou et son chien s’envolent au sens propre du terme pour faire régner la loi et mettre les bandits sous les verrous.
Supermatou a fait les beaux-jours de Pif Gadget de 1975 à 1981. La série s’est arrêtée prématurément à cause du décès subit de son auteur Jean-Claude Poirier. Mythique pour de nombreux lecteurs, Supermatou, qui n’avait jamais été édité en albums, se voit enfin consacré par les éditions Revival dans une imposante intégrale en deux volumes dont le premier est paru cette année. Poirier, auteur du déjà génial Horace, cheval de l’Ouest, imagine une série de super-héros d’un autre genre où l’humour domine face à la méchanceté de méchants très très méchants comme le bébé Agagax ou l’ignoble savant Radégou. Dans la préface signée Rodolphe Massé, on apprend que Supermatou n’a pas surgi comme ça dans les pages de Pif. Onze plus tôt, Poirier dessinait les aventures de son précurseur Maximax dans Paul et Mic, fascicule édité par la Société parisienne d’édition. Au début co-écrite avec Jacques Lob, Poirier poursuivit seul la série. Cet enfant se transformait le soir en rejeton de Superman.
Le trait rond, on ne peut plus rond, de Poirier est d’une originalité folle. A l’instar aujourd’hui d’un Fabrice Parme, on peut regarder n’importe laquelle de ses planches et affirmer que c’est du Jean-Claude Poirier. Les personnages ont tous les gros nez typiques du franco-belge. Même la télévision arbore un tarbouif à la Lucky Luke et, plutôt que de montrer des images, parle directement aux spectateurs. Les voitures sont élastiques. Les immeubles et les maisons sont caoutchouteux. Il y a du Gotlib, du Jacovitti, du Mordillo et même du Crumb dans l’univers graphique de Poirier, mais il y a surtout du Poirier.
Plus que de super-héros, la série ne serait-elle pas en fait une série sur l’enfance ? « On ne guérit pas de sa jeunesse », disait Léon-Paul Fargue. Cette réédition le prouve de façon poétique et merveilleuse. Poirier est un grand auteur qui ne mérite pas d’être oublié tellement il nous a fait rêver. Les éditions Revival le remettent tout simplement à sa place dans cette intégrale prête à enchanter les anciennes générations comme les nouvelles.
Série : Supermatou
Tome : Intégrale 1
Genre : Humour superhéroïque
Scénario & Dessins : Jean-Claude Poirier
Couleurs : Bilitis Poirier et son équipe
Éditeur : Revival
ISBN : 9791096119714
Nombre de pages : 296
Prix : 39 €