Une couronne, ce n’est jamais facile à porter
« -Vous avez conquis Londres sans verser une goutte de sang, Majesté… C’est un présage qui annonce l’avènement d’un règne exceptionnel !
-Aucune femme avant vous ne s’est assise durablement sur le trône d’Angleterre avec l’assentiment de tout un peuple !
-Merci pour vos paroles chaleureuses, Messieurs… Vous savoir à mes côtés rend plus légère la tâche qui m’attend… »
Londres 1553. Marie Tudor est de retour victorieuse avec sa demi-sœur Elisabeth. Le peuple réclame la stabilité, la paix et la justice. Il veut que cessent les querelles partisanes et souhaite prier dans les églises. La Reine fait arrêter les derniers rebelles. Elle n’a plus qu’à se marier et à faire un enfant pour écrire l’avenir de l’Angleterre. Sommes-nous à l’avènement d’un règne exceptionnel ? Elle trouve l’heureux élu de son cœur en la personne de Philippe d’Espagne, mais celui-ci n’y voit qu’un opportunisme politique. Quant à Elisabeth, est-elle vraiment de bon conseil ?
Corbeyran et Montalbano concluent leur trilogie sur Marie Tudor. Alors qu’ils auraient pu jouer dans la surenchère de violence et de barbarie, jamais les auteurs ne glissent sur ce versant-là, tant et si bien que l’on se surprend à penser que la Reine n’est pas si terrible que ça. Et pourtant… Tandis que Corbeyran met ses exceptionnels talents de dialoguiste en évidence, Claudio Montalbano fait ce qu’il y a de plus difficile : mettre de l’émotion dans le réalisme rigide de l’Histoire du monde. Le couronnement de Marie est d’une force et d’une profondeur étonnantes. On est avec elle dans l’abbaye de Westminster le 1er octobre 1553, avec ses deux sceptres en mains, double symbole du pouvoir de la première femme à gouverner le royaume d’Angleterre. Tout aussi immergeant est le chapitre du soulèvement raté des rebelles l’année suivante.
L’histoire de Marie Tudor est aussi une histoire de la solitude du pouvoir. Au fond, Marie Tudor n’est-elle pas plus emprisonnée que les insurgés qu’elle fait mettre aux fers ? Elle est liée par le destin et la descendance qu’elle se doit d’offrir au pays. Y parviendra-t-elle ? Ceux qui connaissent l’Histoire de l’Angleterre connaissent la réponse. Les autres la découvriront dans la trilogie. Un mot sur la couverture. D’un premier coup d’œil, on est happé par les yeux de braise de la Reine et le crucifix qu’elle tient fermement en mains. Ce n’est qu’après que l’on découvre ce qui se passe en arrière-plan. La composition synthétise parfaitement la détermination, ainsi que les tourments, de la fille d’Henri VIII.
Le duo Corbeyran-Montalbano, accompagné du coloriste Jean-Paul Fernandez qui obscurcit les scènes lorsqu’il le faut, montre que l’on peut faire de l’historique pas rébarbatif. Historique et instructif sans négliger le plaisir de lecture, c’est un modèle dans le genre.
Série : Les reines de sang
Tome : Marie Tudor la reine sanglante 3
Genre : Histoire
Scénario : Corbeyran
Dessins : Claudio Montalbano
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413080336
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €